(Akanogo) Les Traditions Vestimentaires et la Puberté au Burundi

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Le Burundi, riche de ses traditions et de son histoire, a connu des évolutions vestimentaires marquées par des influences culturelles et coloniales. Dans un passé pas si lointain, les normes vestimentaires étaient très différentes de celles d’aujourd’hui. L’absence de sous-vêtements, comme les caleçons, était courante, tant chez les adultes que chez les enfants, ce qui a conduit à des pratiques sociales spécifiques.

Les moments ludiques, tels que les jeux d’« ugukobeka intobo », mettaient en lumière cette réalité. Les filles, assises par terre, laissaient des « traces » dans la poussière, tandis que les jeunes garçons, souvent curieux, observaient discrètement. Ces dynamiques enfantines témoignent de l’innocence d’une époque où les normes vestimentaires n’imposaient pas de barrières.

L’expression « kuyaga amasigara cicaro », qui fait référence aux restes laissés par les sages assis par terre, illustre également cette tradition. Les Bashingantahe, en costume traditionnel, prenaient des décisions importantes, mais leur mode de vie exposait également des aspects moins glorieux, comme l’incontinence. Cela soulève des questions sur les normes de propreté et d’hygiène qui, à l’époque, n’étaient pas toujours respectées.

Avec l’arrivée des colonisateurs, les influences vestimentaires ont commencé à changer. Les Arabes et les Occidentaux ont introduit de nouveaux vêtements, mais l’adoption des sous-vêtements, comme le caleçon, est restée limitée. Ce n’est qu’au début du 20ème siècle, avec l’éducation formelle apportée par l’Église catholique, que le slip a fait son apparition dans les écoles. Cependant, son usage n’a pas été généralisé, demeurant un symbole de la « civilisation » occidentale.

Le président Jean Baptiste Bagaza, en tant que réformateur social, a tenté de moderniser les pratiques vestimentaires en abolissant le port des couvre-lits durant la journée. Malgré ses efforts, l’imposition du caleçon en milieu rural s’est avérée infructueuse. Le caleçon, tout comme d’autres éléments vestimentaires modernes, reste un acquis de la culture occidentale.

La question des vêtements ne se limite pas seulement à la mode. Elle a aussi des implications profondes sur la vie des jeunes filles, particulièrement à l’âge de la puberté. L’absence de culottes et de serviettes hygiéniques a conduit à une forme de discrimination. Les jeunes filles étaient souvent envoyées dans des lieux isolés, appelés « akanogo », pendant leurs règles, afin de ne pas « salir » la maison familiale. Cette pratique, bien qu’ancrée dans la tradition, soulève des préoccupations sur la santé et le bien-être des adolescentes.

Ainsi, les traditions vestimentaires au Burundi, marquées par des influences diverses et des pratiques culturelles, continuent de façonner les normes sociales et les expériences des jeunes, en particulier des jeunes filles, dans un contexte en constante évolution.

Rédacteur : Justin Niyubahwe@hifazi.com.news

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