l’instrument acholi est un patrimoine musical  pour le pays d’Ouganda

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Ouganda :


Au nord de l’Ouganda, dans la région de l’Acholi, se déploie un patrimoine musical riche et fascinant, fruit d’une tradition en perpétuelle évolution. Malgré les défis auxquels fait face cette communauté, les musiciens acholi continuent de puiser dans leur répertoire traditionnel pour exprimer leur regard lucide sur leur situation.

La région de l’Acholi, longtemps délaissée par les efforts de développement durant l’époque coloniale, a vu de nombreux de ses habitants contraints de s’engager dans l’armée ou de travailler comme manœuvres. Au milieu des années quatre-vingts, des mouvements millénaristes ont entraîné une rébellion contre l’État, mettant en tenaille deux millions d’Acholi qui ont dû survivre dans des camps de réfugiés marqués par la misère, la maladie et la famine.

Face à cette situation tragique, les musiciens acholi ont su adapter leurs instruments traditionnels pour exprimer leur vécu. La plus emblématique de ces adaptations est sans aucun doute la harpe adungu. Autrefois jouée en solo pour accompagner le chant ou la flûte olweto, l’adungu s’est aujourd’hui déclinée en quatre tailles différentes, permettant aux musiciens de former de véritables familles d’instruments.

Mais ce n’est pas tout : la facture de l’adungu a également évolué. Certains modèles sont désormais entièrement en bois ou dans des matériaux inattendus, les chevilles en bois ont été remplacées par des clés métalliques offrant une plus grande tension des cordes, et le nombre de cordes a été multiplié pour permettre aux musiciens de jouer un répertoire urbain en plus de leur répertoire traditionnel.

Cette capacité d’adaptation témoigne de la résilience de la tradition musicale acholi, qui puise dans son riche patrimoine oral pour exprimer un regard lucide, mais non dénué d’humour, sur la situation de leur communauté. Qu’il s’agisse de chants de funérailles, de chantefables ou de compositions de circonstances adaptées à des mélodies traditionnelles, les musiciens acholi prouvent une fois de plus que leur tradition musicale n’est pas immuable, mais au contraire en perpétuelle évolution.

Au-delà de la simple préservation d’un héritage, les instruments acholi deviennent ainsi des outils de résilience, permettant à cette communauté de faire face aux défis auxquels elle est confrontée. Une véritable illustration de la capacité des traditions musicales à s’adapter et à se réinventer pour mieux refléter les réalités du présent.

Rédacteur : Justin Niyubahwe@hifazi.com

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