Soudan : Un champ de bataille pour les puissances régionales

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Le Soudan, pays d’Afrique de l’Est, est devenu ces dernières semaines le théâtre d’affrontements sanglants entre deux factions militaires rivales. Depuis le 15 avril, plus de 400 personnes ont perdu la vie dans ces violences qui opposent le général Abdel Fattah Al-Burhan, à la tête des forces armées soudanaises, et son ancien adjoint Mohamed Hamdan Dagolo, alias Hemedti, qui commande les redoutables Forces de soutien rapide (FSR).

Ce conflit a des origines profondes, remontant à la répression des manifestations anti-gouvernementales de 2003 par Hemedti, sous les ordres du président déchu Omar el-Béchir. Après le renversement de ce dernier en 2019, Hemedti s’est imposé comme un acteur incontournable du système sécuritaire soudanais, s’alliant un temps à Al-Burhan avant de se retourner contre lui en 2021 pour le pouvoir.

Aujourd’hui, Al-Burhan souhaite que les milices de Hemedti soient désarmées et intégrées à l’armée régulière, ce que ce dernier refuse catégoriquement, voulant conserver son autonomie et le contrôle des zones minières d’or dont il dispose dans le pays.

Mais ce conflit interne au Soudan a aussi pris une dimension régionale, voire internationale, avec l’ingérence de puissances étrangères. Les États-Unis soutiennent ainsi le général Al-Burhan, tandis que la Russie et le groupe Wagner apportent leur appui à Hemedti. L’Égypte, voisine du Soudan, penche également en faveur d’Al-Burhan, ce qui pourrait aggraver les tensions dans la région, notamment avec l’Éthiopie, en conflit avec Le Caire sur la question du barrage de la Renaissance.

La Libye, sous contrôle du maréchal Haftar, est également soupçonnée de soutenir Hemedti, tout comme certains pays arabes, qui ont déjà fait appel à ses hommes pour combattre les rebelles au Yémen.

Ce jeu d’alliances et d’intérêts croisés fait craindre une internationalisation du conflit soudanais, dans un contexte régional déjà très tendu. Certains y voient même une opportunité pour les différentes factions de s’enrichir, notamment par le trafic d’or, une ressource abondante dans le sous-sol soudanais.

Face à cette situation explosive, la communauté internationale appelle à un cessez-le-feu immédiat et à la reprise d’un processus de transition démocratique au Soudan, seul à même de mettre fin à cette spirale de violences. Mais le chemin sera long et difficile dans un pays où les appétits de pouvoir et d’argent semblent l’emporter sur toute considération humanitaire.

Rédacteur Justin Niyubahwe@Hifazi.Com

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