La poterie (ukubumba inkono) est un dernier recours des Batwa du Burundi

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Dans un pays où plus de 90% de la population vit du secteur agricole, une minorité ethnique fait face à de nombreux défis pour survivre. Les Batwa, également appelés Pygmées, représentent seulement 1% de la population burundaise, mais leur culture ancestrale de la poterie est devenue leur dernier rempart contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Marginalisés depuis des générations, les Batwa n’ont que très peu accès à la terre cultivable. Privés de la possibilité de pratiquer l’agriculture, ils se tournent vers la poterie pour générer de maigres revenus. Cependant, cette activité artisanale est menacée par l’avènement de la modernité et des ustensiles de cuisine en aluminium qui gagnent en popularité.

Chaque matin, les hommes Batwa doivent se lever aux aurores pour aller voler discrètement l’argile, matière première de leur poterie, sur les terres appartenant aux ethnies majoritaires, Bahutu et Batutsi. Ils risquent la prison ou pire, s’ils se font attraper. Une fois l’argile récoltée, les femmes prennent le relais pour façonner les pots, vases et autres objets en terre cuite.

“Très tôt le matin, leurs maris, parfois accompagnés de leurss fils, doivent se réveiller pour voler de l’argile dans les terres appartenant aux Bahutu ou Batutsi. Et cela, afin d’éviter de se faire attraper et être emprisonnés ou tabassés à mort”, témoigne Catherine, une mère de famille Mutwa.

Durant la saison sèche, l’argile doit être constamment humidifiée pour rester malléable. C’est pourquoi les familles Batwa s’installent près des rivières, toujours sur leurs gardes pour ne pas se faire remarquer. Ils se dispersent dans différents coins afin de ne pas attirer l’attention et limiter leur temps de collecte à une heure maximum.

Une fois de retour chez eux, les femmes prennent le relais pour façonner les pots à l’aide de leurs mains expertes. Ce travail minutieux demande beaucoup de patience et de dextérité. Malheureusement, la concurrence des ustensiles modernes en aluminium met en péril cette tradition ancestrale.

Malgré ces défis, la poterie représente encore le dernier souffle de survie pour cette communauté marginalisée. Au-delà de l’aspect économique, cet artisanat est aussi un vecteur de transmission culturelle pour les Batwa. Leurs pots, vases et autres objets en terre cuite témoignent de leur savoir-faire unique et de leur attachement à leurs racines.

Bien que confrontés à de nombreuses adversités, les Batwa persistent à pratiquer cet art ancestral, car il incarne leur identité et leur dignité face à une société qui les a longtemps ignorés. La poterie reste leur ultime rempart contre l’exclusion et la pauvreté, leur dernière chance de survie dans un Burundi en pleine mutation.

Rédacteur : Justin Niyubahwe @hifazi .com news

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